lundi, septembre 11, 2006

Louange du vide

Tu me reprochais le vide de ma vie, au sens propre comme au sens figuré. Ma vie étant construction propre toujours en progression, tu me définissais donc comme un être sans contenance et sans idées, absence et néant.

N’ayant pas le désir de me faire partager ta vie, encore moins celui de comprendre la mienne, tu m’imposais donc quelques temps ton existence. J’allais donc passer de la médiocrité au savoir. Passant du vide au plein, au point culminant de ce qui devait être, enfin dévoilé à mes yeux ignorants.

Cette observation curieuse fut pour moi une immense consternation.

Dressant un emploi du temps détaillé et précis du cours de tes journées, de tes semaines et des mois à venir, celui-ci dès le réveil ne laissait aucune place à un quelconque temps mort.

Course permanente entre expositions et musées, bars et cafés, cinémas en théâtres. Nulle solitude, nul moment sans un bruissement permanent du dehors.

A force de t’entourer des autres et de leur bourdonnement, tu perdais toute substance. Tu t’enrichissais esthétiquement en croyant cette existence authentique. Elle n’était que superficialité.

Qui ne s’est senti encore plus seul au milieu d’un endroit enfumé que dans son propre refuge, qu’il soit une pièce à soi, ou un endroit dans la nature ?

Faire rien, ce n’est jamais ne rien faire.
Tu n’avais ni le temps de te penser au malheur, ni de souffrir.

Penser c’est assumer le précipice, le désespoir et la solitude qui en découlent.

Offrir son corps aux derniers rayons du soleil, n’est pas de la paresse.
Prendre soin de soi embelli l’âme autant que le corps. Comment prendre soin de soi dans la foule bruyante et agitée de tes milles activités ?

Rêver sa vie n’empêche pas de la vivre. Elle la rend plus douce, moins insupportable.

S’asseoir et se plonger dans nos pensées disais tu, te ramène à tes idées mortifères.

Tu ne comprenais pas que ces idées étaient pourtant encore la vie. Me rapprochait d’elle en me permettant de poser des mots sur mes angoisses. Comment aurait eu le temps de penser à ton individualité perdu au milieu des foules que tu aimais à fréquenter ?

Ma vie est riche de ses silences, de ses pauses et de ses rêveries.

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