lundi, janvier 22, 2007

L’absurde inconstructif

La petite mort de notre société, la nécrose qui nous frappe tous, est la difficulté à aller vers autrui dans la vie réelle, celle où il n’y a pas d’écran.

A provoquer des rencontres communicantes, à rentrer en relation sans s’effrayer, ni effrayer l’autre, sans pénétrer l’espace vital, ces cinquante centimètres placés devant nous qui forment un rempart invisible et qu’il ne faudra franchir sous aucun prétexte, le sujet n’étant pas l’intime.

Ne nous leurrons pas, nous ne sortirons pas enrichis par chacune de nos rencontres. Mais de temps à autre, un petit miracle peut survenir. C’est alors que certains hommes placent encore une difficulté supplémentaire à ce qui est déjà digne d’un film d’espionnage d’outre atlantique. En face de l’autre, ils dissimulent la vérité.

Cette dissimulation, que délibérément je n’appellerais pas mensonge, prendra des formes diverses et variées, que la vie décrite soit la vie rêvée, que cela soit dans l’espoir d’intéresser, d’intriguer, de se rendre plus disponible ou plus séduisant. Que cela soit par manque de confiance, en soi ou dans l’autre, où par crainte de décevoir ou d’être déçu.

La vérité est cachée, dissimulée, bannie, honnie. Or elle n’obéit qu’à elle-même et sa force est telle qu’elle surgira certainement un jour. La vérité c’est déjà la non-violence, la conformité de ce qu’on dit avec ce qui est.

La vérité est réel, l’adéquation de soi à soi, de soi face à l’autre. Les impostures sont réelles mais ne sont pas vraies. Nous rencontrons alors une foultitude de faux amis, bien réels….

Et devant l’autre gangrène de notre société, le manque de ce temps si précieux, si rare, dont nous aurions pu nous disposer pour nous et que nous avons consacré au manque de vérité d’autrui, comment ne pas nous en vouloir de nous refermer sur nous même et d’ériger encore plus hauts les murailles de notre solitude ?

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