samedi, septembre 02, 2006

Point final

Quand tu m’appelas la dernière fois, ta conversation fut monologue théâtral.

A croire que tu l’avais appris par cœur.

Déclamant sur le ton péremptoire et blessant que tu sais si bien employer, me rabaissant et me sermonnant comme le plus cancre de tes élèves, j’écoutais impuissante la liste de reproches, plus ou moins anciens, plus ou moins injustes, que tu devais avoir ressassé pendant la semaine de ton absence.

Liste de faits d’une froideur extrême montrant ta supériorité sur la mienne, incapable de me défendre même si je l’avais voulu.

Ne voulant pas de cette vie que tu me proposais, je ne répondais pas. Sans interlocuteur pour apaiser ta hargne, tu t’enflammais, après les reproches vinrent les insultes.

Lassée, ne voulant pas une fois de plus rentrer dans la bataille que tu m’offrais et qui me laisserait exsangue et abattue, je mettais fin à ce déluge verbal par un « Salut » blessant.
Raccrocher fut la seule porte de sortie que je trouvais afin de garder un peu de cette dignité que tu m’arrachais mots après mots.

Tu m’avais clairement fait comprendre qu’il n’était plus envisageable que tu me rappelles, que tu ne perdrais plus de temps à m’écrire, que je ne te verrais plus et que tu valais mieux que moi.

Qu’un envoi postal se chargerait d’annihiler les quelques traces de nous dans nos appartements respectifs. Sans plus de témoignage de cette histoire qui n’en n’était pas une, tu m’éliminais de tes souvenirs, rejoignant une espèce de liste noire de personnes qui n’existaient pas.

Je pensais donc être légitimement débarrassée de toi. C’est bien mal connaître les hommes.

Quelques heures plus tard, tu laissais un message sur mon répondeur, reprenant point par point cette diatribe verbale pour la conclure par ce dont j’aurais cruellement besoin, de la chance et du bonheur.

J’avais déjà compris que mes écrits ne t’intéressaient pas, j’eu la preuve que tu ne m’avais jamais lue.

Pourtant instigateur et maître de cette rupture, tu avais eu le dernier mot. Amour propre et fierté étaient sauf, tu t’étais exprimé en dernier.

Comme tu ne me liras pas, tu ne sauras jamais que finalement, c’est moi qui mets un point final à notre chronologie.

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