samedi, août 26, 2006

J'écris....


A la question « pourquoi écrivez vous ? », je vais vous livrer cette réponse, qui est également un souhait.

J’écris afin que mon livre soit emprunté dans une bibliothèque municipale de quartier.

Je l’imagine impatient dans un espace contemporain, à l’architecture audacieuse, verre, béton peint en blanc, escaliers gris tout en courbes et en rondeurs. A l’intérieur, une moquette claire, des rayonnages blancs, bien éclairés, des rangées de livres étiquetés et bien classés, Quelques fauteuils de couleurs vives, comme des taches de peinture au milieu de tout ce blanc.
Les fauteuils ne sont pas là pour vous accueillir avec mon livre, celui-ci doit sortir de ces murs afin de prendre vie. Mais j’accepte que vous vous y reposiez un instant.

Je le vois portant le « R « des romans, à l’endroit exact de mon nom de famille. Un livre inspecté, même s’il n’est pas élu doit être replacé à son juste endroit. Je veux qu’il soit trouvé si par hasard il était cherché. Fièrement debout, bien droit, mon livre ne sera jamais penché.

Un silence respectueux doit entourer ce compagnon quand il n’est pas désiré, il se repose brièvement, avant une autre sortie dans la ville.

C’est pour cela, j’ai beaucoup observé les autres abonnés, qu’il faut que ce livre soit d’un petit format, facile à glisser dans un sac, à l’heure où il n’existe plus de sachet plastiques, mais où certains hommes se promènent avec des cabas dont la taille aurait pu satisfaire la plus collectionneuse des filles.

Un livre à la tranche accueillante, inspirée d’un bleu Majorel, frappant l’œil dans cette marée de beiges plus ou moins cassés.

Pas trop épais, pour être le compagnon d’un voyage en train, d’une après midi à la piscine, pour être rapidement rendu à ladite bibliothèque, afin d’être pendant quelques heures, jours, mais pas plus, l’escorte fidèle d’un autre inconnu.

Si les livres empruntés pouvaient parler…, des appartements et maisons succinctement habités, d’armoires fermées à clés, de dessous de lit peu dépoussiérés. Les miens pourraient se plaindre des bains qui gondolent leurs pages, effacent l’encre fragile, sans compter du risque très présent (j’en ai noyé plus d’un) de plonger tout entier dans de l’eau mousseuse.

J’écris donc pour être lue, c’est d’une banalité affligeante, mais pas uniquement pour cela.

J’écris pour être soulignée. Au crayon, pour ne pas abîmer, d’une large mine qui tracerait des lignes plus ou moins régulières, pendant qu’une autre, sur une autre page, ferait plutôt des petits traits verticaux dans les marges. Je rêve de croix à côté de phrases particulièrement justes. Trouver les phrases et mots justes. Ceux qui vont toucher, plaire, intriguer, choquer aussi. Etre recopiée, citée, ne serais ce pas là le but ultime de l’écriture ? Manuscritement, religieusement, sans oublier un mot, une ponctuation, être recopiée entre parenthèses.

Et vous, pourquoi me lisez vous ?

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