" Alors, si je n'étais pas venu dans cette ville, si je n'avais pas fréquenté chez les "Un tel", tu ne m'aurais pas connu, tu ne m'aurais pas aimé?"
Cette pensée afflige l'amant: son amour devient amour parmi d'autres, limité par la facticité de l'aimé et par sa propre facticité, en même temps que par la contingence des rencontres: il devient amour dans le monde, objet qui suppose le monde et qui peut à son tour exister pour d'autres.
Ce qu'il exige, il le traduit par des mots maladroits et entachés de "chosisme"; il dit: " Nous étions faits l'un pour l'autre" ou encore il emploie l'expression 'd'âme sœur".
Mais il faut interpréter: il sait bien qu' "être faits l'un pour l'autre", cela se réfère à un choix originel.
Ce choix peut être celui de Dieu, comme de l'être qui est un choix absolu; mais Dieu ne représente ici que le passage à la limite dans l'exigence d'absolu.
En fait, ce que l'amant exige, c'est que l'aimé ait fait de lui choix absolu.
Cela signifie que l'être-dans-le monde de l'aimé doit être un être-aimant....
Jean-Paul Sartre " L'être et le néant " - Tel Gallimard, page 410
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