mardi, avril 06, 2010

Philippe Forest "Le nouvel amour"


Dans toute histoire d’amour, il y a ce point d’équilibre où l’on se tient un seul instant, dont ensuite reste à jamais la nostalgie, et à partir duquel on surplombe soudain tout le temps de sa vie. Le passé semble alors tout entier derrière soi. C’est à peine s’il a jamais existé. Le présent est là et il fait s’ouvrir devant soi, à ses pieds, le vide fabuleux d’un merveilleux avenir au bord duquel on se trouve encore, ivre d’un vertige stupide auquel on veut s’abandonner, tombant pour de bon et sans aucun remords vers un nouveau demain.
On se sait vraiment installé dans l’irréversible gravité de la vie : au cœur le plus secret de son affection la plue vraie.

Car la vérité triste à laquelle personne ne peut rien veut qu’en dépit de tout aimer, souffrir, faire souffrir soient simplement une seule et même chose.


En amour, il y a des choses irréparables sont on ne perçoit pas sur le moment vers quel déchirement, quel ennui, quel désespoir elles vous poussent pour toujours. Cela paraît trop énorme et trop triste.

L’amour est le roman, et lui seul. Car dans un roman, tout ce qui ne parle pas d’amour n’est que digression, temps perdu, répit pris par faiblesse comme celui que se donnent les amants entre deux étreintes. L’essentiel est la scène. Il n’y a jamais rien eu d’autre qu’elle. Elle dit le glissement magnifique de deux solitudes dans le creux du même lit.

Et alors, il n’y a plus rien à faire. Car, ironiquement, ce que l’on désire du fond de son cœur, on l’obtient toujours. Tous, peut être, nous voulions la tristesse d’une vie séparée de notre amour le plus vrai, la longue torture maussade d’avoir manqué la vérité qu’un jour nous avions tenue à portée de la main. Et si nous demandions désormais cette détresse là au monde, alors sans hésitation, nous pouvions en être certains, il nous la donnerait bien.




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