lundi, septembre 04, 2006

www.amicalesrencontres.com

Pour en revenir à " L'écriture ou la vie"de Jorge SEMPRUN, bien évidement nous ne pouvons plus nous plaindre d’un manque de liberté, de nourriture, de sommeil, d’un travail forcé, d'une maladie qui nous rongerait sans possibilité de soins ou de l'extrême faiblesse des corps, mais nous pouvons pleurer d’un manque de bonheur, de fraternité, de solidarité et du trop plein de solitude.

Heureusement des personnes bien intentionnées, n’ayant absolument pas échafaudé un quelconque calcul de rentabilité, ont eu l’idée géniale de palier à cette état de tristesse en créant de multiples petits sites, où rencontrer nos doubles devient un jeu d’enfant, où ceux qui vont transformer nos vies sont légion.

En connexion, âmes et cœurs avec une multiplicité d’inconnus, plus prometteurs d’avenir que nous n’en avions jamais rencontrés auparavant, nous voici, choisissant, éliminant, sélectionnant un physique, une affinité particulière pour une langue étrangère, une lecture ou un film qui nous aura touché autant qu’eux.

Pour être plus exact et réaliste, nous voilà calibrant ces étrangers pour ne retenir que ceux qui auront exactement le bon rapport poids taille, les cheveux bruns et les yeux verts. Qui n’auront point trop d’enfants, mais suffisamment de revenus pour ne pas vivre en banlieue.

Une fois le tri effectué, nous pouvons nous adonner à de pseudo conversations via écran plat 17 pouces pendant quelques jours, voir quelques semaines pour les plus timides. De ces informations nous ne garderons pas grand-chose, nous attachant plus aux mots choisis et écrits avec le moins de fautes possible.

Ceux qui ne nous sembleront ni dangereux, ni psychotiques, auront le privilège de l’envoi par petit écran couleur de quelques textos enflammés. Le matin au réveil, le soir au coucher, la première et dernière pensée sera pour ces beaux inconnus idéalisés et pas encore rencontrés.

La prochaine étape découlant de la première avec autant de naturel qu’un troupeau de hyènes dans un grand magasin (sauf si c’est le premier jour des soldes), voilà le passage de l’écrit à l’oral, coups de téléphones passés en tremblant ou pour les plus courageux, mise en fonction de celle qui dormait jusque là, une mini caméra.

Cruelle peut être la découverte d’un visage qui n’est plus photo de vacances prise par des pixels complaisants un soir de pleine lune. Révélatrice aussi une voix qui n’a pas la douceur d’un message d’aéroport mais souvent un accent. Venant d’une région où le dialecte est encore, désolé pour celui qui m’a affirmé le contraire aujourd’hui, vivace, persistant.

Qu’elles sont périlleuses toutes ces étapes préliminaires à une rencontre physique….

L’intérêt étant de plus en plus présent, cette personne en une seule dimension vous est chère, il vous faut la rencontrer. Partons également du principe que ce désir soit réciproque.

Terrasse d’un café, pizzeria d’à côté, si la distance géographique n’est pas un obstacle, sinon comme le dit si merveilleusement Grand Corps Malade, il nous reste « Les voyages en train ».

Le jour est venu, l’heure s’approche ….tout est réuni, la plus jolie robe décolletée, même si l’été est passé, la plus blanche chemise repassée. Encore faut il se repérer, mais voilà c’est fait, de toute façon sur ce quai de gare, il n’y avait plus que deux inconnus, qui par quelques gestes embarrassés, embrassades maladroites se sont trouvés.

« Bonjour, tu vas bien ? « « Oui et toi ? « « Bien »…..

Et alors me direz vous ? Alors rien justement.

Au bout d’un café partagé, une pizza rapidement avalée, ces deux étrangers se séparent, sur le même trottoir qu’au moment de leur rencontre, où le même quai de gare. Chacun repartant, les mêmes attentes et les mêmes espérances vissées au cœur et à l’âme. Avec parfois, une petite flamme en moins comme une petite illusion perdue.

Jusqu’à la prochaine connexion….

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