mercredi, septembre 06, 2006

Malheureuses sont les personnes qui ont vécu un Grand Amour.

« Les amours fortes et profondes sont empreintes d'estime. Elles ont sur nous un effet d'élévation. Les personnes qui l'inspirent ont un effet stimulant, à leur contact nous sommes portés à être de meilleures personnes, à exploiter davantage nos ressources, à nous dépasser. »

Pour définir simplement l’amour, l’amour fort et épanouissant, nous pourrions tenter quelques caractéristiques suivantes :

- l’amour ne doit pas nous écarter de nous-même,
- l’amour est l’accomplissement de soi avec l’autre,
- l’accomplissement de l’autre est joie sans réserve,
- l’amour est de se sentir heureux quand l’autre et heureux, et non vouloir
son bonheur en supposant ce qui est bon pour lui,
- l’amour n’entraîne aucun asservissement.

Le grand amour est tout autre, il est l’annihilation de notre personnalité au nom d’une entité supérieure à laquelle nous tendons de toute nos forces, afin de montrer au monde que notre histoire est bien supérieure à celles qui nous entourent.

Que le couple formé ne supporte aucune comparaison, son intensité étant prodigieuse, souvent accompagné d’une densité sexuelle très prononcée.

Palliatif à l’ennui, il rejoint le mythe. Il est vécu intensément et ne peut se satisfaire d’une vie commune, qui empêcherait l’intensité de perdurer.

Qu’il soit passionnel, submergeant ce qui nous composait pour ne plus vivre qu’au nom d’une abstraction fabriquée de toute pièce, par nos lectures, notre désir de prince charmant, ou fusionnel, comblant le vide en soi, il est toujours névrose.

Notre tradition judéo-chrétienne plaçant l’amour de l’autre par-dessus tout, nous combattons l’amour de soi de toutes nos forces au profit d’une essence supérieure.

Avec le grand amour s’impose le manque de l’autre, qui est manque individuel, manque affectif aux allures de gouffre, que l’on peut chercher dans le passé personnel et les multiples fractures sentimentales d’une personne.

Surestimation de l’être aimé par rapport à une sous estimation de ses propres valeurs.
Déséquilibre intellectuel et admiration à outrance.
Déification de celui ci, qui submergé par tant de vénération, peut se permettre toutes les dérives et tous les excès. Devenant odieux, puis bourreau d’une victime consentante puis qu’adoratrice.

Alors que la personne en manque affectif est souffrance, l’aimant retourne la situation à son avantage, « Regarde comme j’ai mal par ta faute, par tes imperfections, moi qui t’aime tant ».

Les mots qui comblaient le manque affectif se sont taris au profit de la culpabilisation. Les preuves d’amour sont devenues violence. Le gouffre se creuse encore.

La personnalité intrinsèque est niée au nom de l’amour que l’on porte à l’autre, on adopte une personnalité devenue froideur et reproches, refoulant ses envies, sa singularité, au nom de ce que l’on attends de lui, de ce que l’on obtient, savamment distillé, afin d’entretenir le manque.

La rupture peut être cause de suicide, soit en raison du manque de preuves d’amour, soit folie, par la perte de tous repères de la personne en manque affectif.

Elle est le plus souvent fuite, les deux protagonistes ayant une très grande difficulté à garder des rapports normaux l’un avec l’autre.

La personne ayant le manque affectif à combler, devant un nouvel échec de ses espérances, pourra développer un attachement particulier à cette personnalité commune et continuer à la faire vivre seule.

Jusqu’à la prochaine chute, son attirance vers des personnes similaires étant certaine, jusqu’à une possible mais peu probable reprise de confiance en soi.

L’amour est dangereux.

2 commentaires:

  1. "Die another day" Madonna

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  2. Quelle est la différence entre l'amour et le grand amour ?
    Je pense que l'amour se transforme en grand amour lorsqu'il ne peut pas être accompli, soit à cause de la distance ou à cause d'une situation particulière. Et c'est alors qu'il est souffrance.

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