dimanche, juin 22, 2014

"On dit que la voix et les yeux sont, dans la chair, ce qui est le plus proche de l'âme, je ne sais si c'est vrai et de quelle vérité, je sais que la mort est goulue et qu'elle va au plus vite, comme un voyou mettant la main sur un trésor, en un millième de seconde les yeux sont vidés et la voix est éteinte, fini, fini, fini." 
Christian Bobin, La Plus que Vive.

vendredi, décembre 21, 2012

mardi, juillet 19, 2011

Noli me tangere - Jean-Luc Nancy

"L'amour et la vérité touchent en repoussant: ils font reculer celle ou celui qu'ils atteignent, car leur atteinte révèle, dans la touche même, qu'ils sont hors de portée. C'est d'être inatteignables qu'ils nous touchent et qu'ils nous poignent.

Ce qu'ils approchent de nous, c'est leur éloignement: ils nous le font sentir, et ce sentiment est leur sens même. C'est le sens de la touche qui commande de ne pas toucher..."Noli me tangere" ne dit pas simplement "ne me touche pas", mais plus littéralement "ne veuille pas me toucher".
Noli: Ne le veuille pas, n'y pense même pas. ...

Tu ne tiens rien, tu ne peur rien tenir ni retenir, et voilà ce qu'il en est d'un savoir d'amour.


Jean-Luc Nancy " Noli me tangere " Bayard 2003, p 60.

mercredi, juin 01, 2011

Blog entré en fac de philosophie et en silence.


« Quand nous tenons un journal à l’envers, nous voyons les formes étranges des caractères imprimés. Quand nous le mettons à l’endroit, nous ne voyons plus les caractères, nous voyons des mots. Le passager d’un bateau pris par une tempête sent chaque secousse comme un bouleversement dans ses entrailles. Le capitaine y saisit seulement la combinaison complexe du vent, du courant, de la houle avec la disposition du bateau, sa forme, sa voilure, son gouvernail.


Comme on apprend à lire, comme on apprend un métier, de même on apprend à sentir en toute chose, avant tout et presque uniquement l’obéissance de l’univers à Dieu. C’est vraiment un apprentissage. Comme tout apprentissage, il demande des efforts et du temps. » (Simone Weil - AD, 114-115)

jeudi, mars 03, 2011

"Nous sommes toujours dans une balance entre consentir à s'installer dans la vie ordinaire et souhaiter, au moins une fois dans sa vie, rencontrer l'infini, mais en tremblant."

Alain Badiou  - Le fini et l'infini

mercredi, mars 02, 2011

"Le Minotaure ou la halte d'Oran" Albert Camus - 1939

"Il n'y a plus de déserts. Il n'y a plus d'îles. Le besoin pourtant s'en fait sentir. Pour comprendre le monde, il faut parfois se détourner; pour mieux servir les hommes, les tenir un moment à distance. Mais où trouver la solitude nécessaire à la force, la longue respiration où l'esprit se rassemble et le courage se mesure ? Il reste les grandes villes. Simplement, il y faut encore des conditions.

Les villes que l'Europe nous offre sont trop pleines des rumeurs du passé. Une oreille exercée peut y percevoir les bruits d'aile, une palpitation d'âmes. On y sent le vertige des siècles des révolutions, de la gloire. On s'y souvient que l'Occident s'est forgé dans les clameurs. Cela ne fait pas assez de silence."

"Les jeux sont faits" J.P. Sartre 1947


Les "je" sont faits et les Eve aussi.

samedi, février 19, 2011

Aristote - Métaphysique - Livre α

Comme quand précisément nous citons le proverbe " qui manquerait la porte?" de cette manière l'étude (de la vérité) serait facile...

Je me prends beaucoup de portes en ce moment.


lundi, février 14, 2011

Pour la Saint Valentin :-)

"On sait que, dans la terminologie courante de l'amour, l'aimé est désigné du terme d'élu. Mais ce choix ne doit pas être relatif et contingent: l'amant s'irrite et se sent dévalorisé lorsqu'il pense que l'aimé l'a choisi parmi d'autres.

" Alors, si je n'étais pas venu dans cette ville, si je n'avais pas fréquenté chez les "Un tel", tu ne m'aurais pas connu, tu ne m'aurais pas aimé?" 

Cette pensée afflige l'amant: son amour devient amour parmi d'autres, limité par la facticité de l'aimé et par sa propre facticité, en même temps que par la contingence des rencontres: il devient amour dans le monde, objet qui suppose le monde et qui peut à son tour exister pour d'autres.

Ce qu'il exige, il le traduit par des mots maladroits et entachés de "chosisme"; il dit: " Nous étions faits l'un pour l'autre" ou encore il emploie l'expression 'd'âme sœur". 

Mais il faut interpréter: il sait bien qu' "être faits l'un pour l'autre", cela se réfère à un choix originel. 

Ce choix peut être celui de Dieu, comme de l'être qui est un choix absolu; mais Dieu ne représente ici que le passage à la limite dans l'exigence d'absolu.
En fait, ce que l'amant exige, c'est que l'aimé ait fait de lui choix absolu. 

Cela signifie que l'être-dans-le monde de l'aimé doit être un être-aimant....

Jean-Paul Sartre " L'être et le néant " - Tel Gallimard, page 410

dimanche, février 13, 2011

Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal - Le Masque



   
    Contemplons ce trésor de grâces florentines ;
    Dans l'ondulation de ce corps musculeux
    L'élégance et la force abondent, sœurs divines.
    Cette femme, morceau vraiment miraculeux,
    Divinement robuste, adorablement mince,
    Est faite pour trôner sur des lits somptueux,
    Et charmer les loisirs d'un pontife ou d'un prince.
   
    - Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
    Où la fatuité promène son extase ;
    Ce long regard sournois, langoureux et moqueur ;
    Ce visage mignard, tout encadré de gaze,
    Dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur :
    " La volupté m'appelle et l'amour me couronne ! "
    À cet être doué de tant de majesté
    Vois quel charme excitant la gentillesse donne !
    Approchons, et tournons autour de sa beauté.
   
    Ô blasphème de l'art ! Ô surprise fatale !
    La femme au corps divin, promettant le bonheur,
    Par le haut se termine en monstre bicéphale !
   
    Mais non ! Ce n'est qu'un masque, un décor suborneur,
    Ce visage éclairé d'une exquise grimace,
    Et, regarde, voici, crispée atrocement,
    La véritable tête, et la sincère face
    Renversée à l'abri de la face qui ment.
    Pauvre grande beauté ! Le magnifique fleuve
    De tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux ;
    Ton mensonge m'enivre, et mon âme s'abreuve
    Aux flots que la douleur fait jaillir de tes yeux !
   
    - Mais pourquoi pleure-t-elle ? Elle, beauté parfaite
    Qui mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
    Quel mal mystérieux ronge son flanc d'athlète ?
   
    - Elle pleure, insensé, parce qu'elle a vécu !
    Et parce qu'elle vit ! Mais ce qu'elle déplore
    Surtout, ce qui la fait frémir jusqu'aux genoux,
    C'est que demain, hélas ! Il faudra vivre encore !
    Demain, après-demain et toujours ! - comme nous !
VI
L'amour est une joie qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure.
Explication
Cette définition explique assez clairement l'essence de l'Amour; pour celle des Auteurs qui définissent l'Amour comme la volonté qu'à l'amant de se joindre à la chose aimée....
X
La Ferveur est l'Amour à l'égard de celui qui nous étonne.
XII
L'Espoir est une Joie inconstante née de l'idée d'une chose future ou passée de l'issue de laquelle nous doutons en quelque mesure.

Spinoza - Ethique - Oeuvres III -De l'origine et de la nature des affections -  Trad. Charles Appuhn - GF





jeudi, février 10, 2011

dimanche, février 06, 2011

Cynthia Fleury " La fin du courage" Fayard 2010

" Chaque époque historique affronte, à un moment ou un autre, son seuil mélancolique. De même, chaque individu connaît cette phase d'épuisement et d'érosion de soi. Cette épreuve est celle de la fin du courage.

C'est une épreuve qui ne scelle pas le déclin d'une époque ou d'un être, mais, plus fondamentalement, une forme de passage initiatique, un face-à-face avec l'authenticité. 

La fin du courage, c'est la confrontation avec le sens de la vie qui nous échappe, ou encore cette impossible maîtrise du temps. Mais aussi, par-delà la rencontre avec la finitude, l'éventuelle aptitude au temps long."

samedi, janvier 29, 2011

Règle n° 2 pour la Direction de l'Esprit - Descartes

" On ne doit pas trouver étonnant que beaucoup d'esprits s'appliquent d'eux-mêmes plus volontiers à d'autres arts ou à la Philosophie: cela vient de ce que chacun se permet d'être devin avec plus d'assurance en matière obscure qu'en matière évidente..."

:-)